À l'ombre de nos vies - Chapitre 4 (Yotuwan)
À l'ombre de nos vies - Chapitre 3 (Bristole)
L’inconnu, son désaccordé, espoir et tremblement.
Il avait déjà quitté le nid familial depuis un temps indéterminé, qu’il ne voulait pas déterminer. Son retour aux sources était pour lui de tout quitter, drôle de personnage. Ou chacun voit la famille comme l’espoir d’une sécurité douillette, lui n’y voit que peur et stupeur.
Partir était la seule alternative, puiser dans sa peur et connaître le tremblement. Alors se succédaient routes et chemins, hôtels et motels, usines et champs. Alors avec les mêmes yeux émerveillés il observait le monde pour la première fois. Il avalait chaque image, chaque senteur avec l’avidité d’un enfant. On le voyait ouvrir des yeux gigantesques, avoir les pupilles dilatés de tant de lumières. Il s’arrêtait parfois se mettant face à la brise encourageante, fermait les yeux et offrait son nez et ses oreilles au monde, il apprenait à écouter le chant des oiseaux, des crissements de freins d’une voiture, le cliquetis d’une enseigne, le grincement des portes en bois, à sentir des roses, le fioul, les feuilles de peupliers …C’était le monde qui lui offrait son cadeaux le plus beau, sa vie. Il grandissait à chaque instant apprenant à aimer et rejeter. Il apprenait sans réapprendre. Au delà d’une renaissance c’était une naissance, celle d’un enfant de dix-neuf ans.
Oui c’était un enfant de dix-neuf ans. Beaucoup pensent que passer la limite de la majorité signifie indéniablement accéder à la maturité indue à leurs ainés. Non. Ce n’est qu’une limite factice, arbitraire, qui n’a d’autres fins que celles des absurdités administratives. Il l’avait compris et l’acceptait.
L’acceptation est souvent preuve d’une plus grande maturité que toutes les compréhensions.
Avez-vous déjà tenté de mesurer le temps ? L’éternité d’une journée, la pesanteur d’une heure, la longueur d’une minute, la vie d’une seconde, le froissement d’un centième. Ne vous méprenez pas, ce ne sont pas des considérations mathématiques mais les composantes majeures d’une vie, de vos vies, de nos vies, de sa vie. A nouveau il l’avait accepté et décidait de caresser l’instant.
À l'ombre de nos vies - Chapitre 2 (Yotuwan)
C'est sur les routes qu'il voulait se réaliser. Maintenant il le savait, sans douter. Il pensait bien qu'avancer sans douter l'aiderait plus que s'il laissait des regrets ou des incertitudes sur le bord de la route. C'est bien mieux ainsi. Encore une fois il maudit les automobilistes. Pourquoi sont-ils tous comme ça ? Jamais personne ne veut le prendre en autostop. Est-il est un paria sans qu'on le lui ait dit. Les chambres de motel comprennent tout. Elles reçoivent tout. Les chants des promeneurs solitaires, le son des guitares désacordées. C'est une exitation pour lui, comme à chaque fois. Le voyage sur les routes de ses origines. Il rêve de ses vraies origines, ses vraies racines, celle de sa culture profonde.
Il ne s'est jamais senti accepté des jeunes de son âge. Trop en avance ou bien en retard sur son époque. Pourquoi lire et écouter des artistes d'un autre temps fait de lui un marginal ? Il aimerait bien le savoir. Mais pourquoi ? Il sait que la vérité lui fera mal. Trop mal. La vérité pourrait plus lui nuire que lui apprendre quelque chose. Il était encore trop faible. Renaître est toujours très dur. Il en sait quelque chose, il ne cesse de vouloir renaître. Peut-être que ces douleurs lui apprendront à se fixer. Peut-être ne veut-il pas se fixer. Et toutjours évoluer. Encore plus loin dans ses rêves. Il mélange maintenant rêves et réalités. Allant toujours plus loin, toujours plus dans le vrai.
Il y a toujours cette brise qui lui montre le chemin. Qui lui remémore d'où il vient. Il ne veut tout de même pas renier ce qui est derrière lui. Ça serait pire que tout. Et il le sait. C'est trop triste s'il ne voudrait pas l'accepter.
Alors il marche, l'esprit embrumé de musique et de poésie. Il marche sur les traces des anciens. Découvre les champs qui ont vu naître le blues. Et alors, c'est comme un coup de tonerre dans son esprit. Sur le bord de ces routes, là où tant sont morts. Il pourrait réaliser la chance qu'il a d'être là. Seul mais bel et bien là. Les grands panneaux publicitaires avec des pin-up dessus le regardent. Ils lui montrent d'où il vient et où il peut aller. Et là, il se demande s'il devra refaire ce choix toute sa vie. Un peu s'il devait toujours l'assumer et se le rappeller. Encore une fois il est perturbé. Il ne pensait pas que ça le suivrait si longtemps et si loin.
Et encore une fois, il préfère aller nager dans l'inconnu.
À l'ombre de nos vie - Chapitre 1 (Bristole)
Il attendais, seul, ça chambre de motel faiblement éclairer par les néons de l'enseigne. Replié sur lui-même au pied de son lit, il pensait. Il songeait d'ailleurs au fait qu'il ne savait que penser, mais pour une fois il avait agis.
Les dix-neuf ans qu'il avait passé comme enfermé dans un cocon ; entre chambre et classe, guitare et fille, parfois, étaient achevés. Ce jour pourtant comme les autres il avait décidé de rompre la chrysalide, de ne plus glisser sur sa vie, il s'envola.
Il s'envola, loin des classes, loin des filles ordinaires, loin de sa famille, loin de sa vie, loin de tout. Il laissa alors un mot pour leur dire adieux et que malgré tout il les aimait ;et sans remords ni regrets, il partit .
Seul, et comme pour la première fois ou il effleurat une guitare, il sentit une brise légère glisser sur son visage et un sentiment de profonde liberté s'empara de tout son être. Pour la seconde fois de sa vie il connaissait l'excitation de la découverte, animant chaque parcelle de son corps. Une faible tremblement le saisit comme la première fois il avait fais l'amoure, mélange de peur et de curiosité, d'impatience et de timidité. Il marchait comme s'il marchait pour la première fois. Il renaissait des cendres de toutes ces années, tel un phœnix.
Guitare sur son épaule droite son sac sur la gauche, il marchait. Sans but, il marchait.
Et maintenant il était là, replié sur lui-même dans cette chambre et il pensait. Il pensait qu'il n'avait pas penser, son excitation retombant doucement telle une feuille un matin d'automne.
Les teintes vertes et rouge illuminait son visage reflétant une faible inquiétude, mais avant que celle-ci ne s'empare de lui, il sourit.Car désormais sans pudeur ni honte, il vivrait. N'était-il pas libre ?
À l'ombre de nos vies
l'histoire vient de naître, c'est une co-écrite entre Bristole et Yotuwan, d'après l'initiative de Bristole qui a écrit le premier chapitre de l'histoire.