À l'ombre de nos vies - Chapitre 2 (Yotuwan)
C'est sur les routes qu'il voulait se réaliser. Maintenant il le savait, sans douter. Il pensait bien qu'avancer sans douter l'aiderait plus que s'il laissait des regrets ou des incertitudes sur le bord de la route. C'est bien mieux ainsi. Encore une fois il maudit les automobilistes. Pourquoi sont-ils tous comme ça ? Jamais personne ne veut le prendre en autostop. Est-il est un paria sans qu'on le lui ait dit. Les chambres de motel comprennent tout. Elles reçoivent tout. Les chants des promeneurs solitaires, le son des guitares désacordées. C'est une exitation pour lui, comme à chaque fois. Le voyage sur les routes de ses origines. Il rêve de ses vraies origines, ses vraies racines, celle de sa culture profonde.
Il ne s'est jamais senti accepté des jeunes de son âge. Trop en avance ou bien en retard sur son époque. Pourquoi lire et écouter des artistes d'un autre temps fait de lui un marginal ? Il aimerait bien le savoir. Mais pourquoi ? Il sait que la vérité lui fera mal. Trop mal. La vérité pourrait plus lui nuire que lui apprendre quelque chose. Il était encore trop faible. Renaître est toujours très dur. Il en sait quelque chose, il ne cesse de vouloir renaître. Peut-être que ces douleurs lui apprendront à se fixer. Peut-être ne veut-il pas se fixer. Et toutjours évoluer. Encore plus loin dans ses rêves. Il mélange maintenant rêves et réalités. Allant toujours plus loin, toujours plus dans le vrai.
Il y a toujours cette brise qui lui montre le chemin. Qui lui remémore d'où il vient. Il ne veut tout de même pas renier ce qui est derrière lui. Ça serait pire que tout. Et il le sait. C'est trop triste s'il ne voudrait pas l'accepter.
Alors il marche, l'esprit embrumé de musique et de poésie. Il marche sur les traces des anciens. Découvre les champs qui ont vu naître le blues. Et alors, c'est comme un coup de tonerre dans son esprit. Sur le bord de ces routes, là où tant sont morts. Il pourrait réaliser la chance qu'il a d'être là. Seul mais bel et bien là. Les grands panneaux publicitaires avec des pin-up dessus le regardent. Ils lui montrent d'où il vient et où il peut aller. Et là, il se demande s'il devra refaire ce choix toute sa vie. Un peu s'il devait toujours l'assumer et se le rappeller. Encore une fois il est perturbé. Il ne pensait pas que ça le suivrait si longtemps et si loin.
Et encore une fois, il préfère aller nager dans l'inconnu.